02/11/2010

L'énigme du Loch Ness

L'énigme du Loch Ness


Dans la région du Loch Ness, en Écosse, de très vieilles légendes rapportent l'existence de mystérieuses créatures tapies au fond du lac.
Aujourd’hui, on cherche, par tous les moyens, à photographier le fameux "monstre". Des fortunes sont promises à qui prouvera son existence. Une fascinante enquête scientifique.

Avec 35 km de long et près de 300 m de profondeur, le Loch Ness est le plus vaste plan d'eau douce de Grande-Bretagne. Loch en écossais, signifie "lac". Celui-ci est situé sur le Great Glen, une faille de l'écorce terrestre qui traverse le cœur de l'Ecosse. La région qui l'entoure est encore relativement peu explorée, tandis que, sous l'eau, la visibilité est très réduite à cause des particules de tourbe en suspension.

Pour rechercher quoi que ce soit sur une zone aussi grande et dans de telles conditions, il faut plus que de la volonté ou une bonne condition physique. Il faut le secours de la technologie la plus avancée.

L'attention des scientifiques est attirée vers les grandes profondeurs en 1850, mais pour des raisons télégraphiques... On pensait alors que la vie s'arrêtait au-dessous de 500 m de profondeur. Un câble télégraphique immergé à 1830 m venait d'être remonté, rongé par des coquillages vivants !

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Un couple de dragons du Komodo. Des créatures si étranges que, pendant des décennies, les scientifiques ont refusé de croire à leur existence. Il pourrait y avoir d'autres survivants de la préhistoire à travers le monde.

Les premiers relevés bathymétriques des lacs d'Ecosse ne commencent qu'à la fin du XIXe siècle. On s'étonne en découvrant leur profondeur - qui dépasse celle des côtes voisines - et le volume de leurs eaux. Ces lacs ont été creusés en même temps que les loughs irlandais et que les fjords scandinaves, à la fin de la dernière période glacière, il y a 10 000 ans. Immédiatement après la fonte des glaces, le niveau de la mer s'était élevé et celle-ci les avait envahis. Puis, libéré du poids des glaces, le sol s'est soulevé, entraînan notamment le Loch Ness à 16 km au-dessus du niveau de la mer.

Depuis toujours, les légendes des peuples du Nord son émaillées de monstres marins. Beaucoup font référence à une créature au long cou et au dos bombé. C'est probablement en leur honneur que les Vikings ornaient de "dragons de mer" la proue de leur drakkars. En Scandinavie, autour du lac Storsjö, on peut encore voir le matériel mis en place au XIXe siècle pour capturer un monstre local. en Irlande, on parle beaucoup des kelpies ("chevaux de mer") dans la région des loughs du Connemara.

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Une tête de proue qui ornait un drakkar viking. Les monstres marins ont toujours fait partie de l'imaginaire nordique.

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Un "saurien marin géant" (gravure parue dans un ouvrage zoologique du XIXe siècle).

Curieusement, alors que le premier rapport qui relate une apparition sur la rivière Ness date de 565 de notre ère, on ne s'est intéressé que très récemment au "monstre" du Loch Ness. Dans ce premier rapport, c'est un saint qui met le monstre en fuite. Par la suite, les témoignages sur le monstre restent liés à des aristocrates qui viennent chasser dans les Highlands entendent parler des fabuleuses créatures des lochs. Certains en aperçoivent même, au lever du jour, et leur trouvent une "tête de cheval".

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Le kelpie, un esprit malin qui rôde dans les eaux des lochs écossais en attendant ses victimes...

Dans le même temps, les marins qui hantent ces côtes sauvages rapportent l'existence de "monstres marins" identiques à ceux des lochs. On interdisait alors aux enfants de se baigner dans le Loch Ness, par crainte du kelpies.

En 1933, une route touristique est construite sur la rive nord du lac, tandis que les arbres sont abattus par améliorer la vue sur les eaux sombres. Aussitôt, les touristes se mettent à affluer dans la région et nombre de ceux qui ont "vu" le monstre grimpe en flèche. Le premier grand article sur le sujet paraît le 14 avril 1933, dans l'Invernes Courirer. Rapidement, la "bête du Loch Ness" devient un sujet de curiosité journalistique, qui fait les choux gras de la presse à sensation du monde entier.

A l'époque, le sonar et le scaphandre autonome n'existent pas encore. Les biologistes se contentent d'études sur les petits animaux et les algues microscopiques du lac. Mais, déjà, on cherche par tous les moyens à s'assurer de l'existence - ou de l'absence - d'animal fabuleux dans ces eaux tourbeuses. On filme inlassablement la moindre risée. On photographie le moindre tronc d'arbre. Les archives se remplissent de témoignages plus ou moins intéressants, tandis qu'une foule de curieux guette avec avidité la moindre manifestation inhabituelle à la surface du Loch Ness.

L'autosuggestion explique beaucoup de "preuves". La nature du lac lui-même ne favorise pas les chercheurs : cette énorme masse d'eau est souvent très calme, avec une surface en mer d'huile, tandis que les rives escarpées projettent leur ombre inquiétante sur les rives. Les illusions d'optique abondent, et un oiseau, une branche ou le sillage d'un bateau peuvent produire des effets étonnants.

Malgré tout, au Loch Ness Investigation Bureau, des milliers de témoignages oculaires troublants ont été enregistrés. Beaucoup sont extraordinairement détaillés : la créature aperçue aurait un long cou, parfois dressé, des bosses sur le dos, et elle se déplacerait assez rapidement.

Le premier chroniqueur des apparitions du monstre du Loch Ness a été le commandant Rupert Gould. Dans son ouvrage, Le Monstre du Loch Ness, publié en 1934, il avance l'hypothèse selon laquelle il s'agirait d'un spécimen isolé, pris au piège dans les eaux du lac. par la suite, de nombreux auteurs le contrediront : une quantité de témoignages affirment avoir repéré plusieurs monstres en même temps, ce qui suggérerait que le lac abrite plusieurs "monstres".

A côté de ces témoignages oculaires, toujours fragiles, les scientifiques disposent d'un petit nombre de faits inexpliqués, notamment des échos recueillis par sonar. Ils ont, en outre, remarqué que les apparitions étaient plus fréquentes l'été, en particulier à l'embouchure des rivières qui se déversent dans le lac.

Reste le problème des photographies, vraies ou fausses, du monstre. Elles sont le plus souvent fausses. Il est très facile de faire des photomontages de silhouettes monstrueuses sur fond clair. De plus, même quand ils ne sont pas faux, beaucoup de clichés sont de mauvaise qualité, pris précipitamment ou avec des objectifs médiocres.
Au milieu des productions de faussaires de tout poil, on trouve pourtant des clichés impressionnants. Paradoxalement, on pourrait dire que les bonnes photos du monstre sont fausses, tandis que les mauvaises ont des chances d'être vraies. Parmi celles-ci, très peu finissent par intéresser le Loch Ness Investigation Bureau.

Les films de cinéma sont beaucoup plus difficiles à truquer et sont d’avantages pris en compte. Deux d'entre eux sortent vraiment de l'ordinaire.

Le premier a été tourné par Tim Dindsdale, le 23 avril 1960, à l’embouchure de la rivière Foyers : on y voit une bosse se mouvoir lentement au loin, puis traverser le champ de la caméra avant de plonger. L'analyse du film a conclu que l'objet filmé était "probablement en mouvement" et qu'il mesurait environ 1.70 m de largeur. Sa vitesse estimée était de 16 km à l'heure.

Le second film a été tourné par Richard Raynor, le 13 juin 1967, à l'extrémité nord du lac. Il montre un sillage, à la tête duquel on aperçoit parfois un objet solide, déclaré lui aussi animé. Richard Raynor a expliqué que l'animal filmé évoquait pour lui une espèce d'otarie. Comme la longueur estimée de la partie qui émergeait a été évaluée à près de 2 m, on peut rêver sur la taille de l'otarie en question.

Ce n'est qu'à partir de 1970 que les chercheurs ont pu disposer de photographies sous-marines. Ce qui n'est pas forcément un avantage dans les eaux boueuses du lac. Les photographies les plus intéressantes ont été obtenues à l'aide d'un appareil à déclenchement électronique équipé d'un flash stroboscopique : elles montrent une sorte de nageoire ... qui ne ressemble à aucune sorte de nageoire connue.

Six autres clichés, pris par le docteur Robert Rines en 1975, montrent autre chose que la coque du bateau à laquelle était accroché l'appareil. Une chose qui n'a pas fini d'alimenter les discussions entre les partisans du monstre et les sceptiques.



Une carte de la région du Loch Ness, avec quelques lieux d'apparition du "monstre". Celui-ci se manifeste fréquemment à l'embouchure des rivières.

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