02/11/2010

Les alignements de Carnac

Les alignements de Carnac

L'alignement d'un grand nombre de pierres à Carnac recherche toujours une personne qui pourrait expliquer le pourquoi et surtout le comment de cet alignement.


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Présentation

C'est autour de golfe du Morbihan que se dressent les plus fantastiques alignements mégalithiques du monde. Trois mille pierres sont encore debout, mais ce sont sans doute près de dix mille menhirs qui formaient l'ensemble d'origine. Pourquoi des hommes, se relayant pendant plusieurs siècles, ont-ils consacré toute leur énergie à l'élévation d'un tel ensemble ?

Avant toute chose, il faut commencer par dire que les menhirs n'ont rien à voir avec les Gaulois et les Celtes. Mais s'ils n'hésitent pas à se servir des dolmens comme lieu de culte, ceux-ci dominent déjà les landes bretonnes depuis plus d'un millénaire. Les civilisations mégalithiques qui étaient les précurseurs ont alors déjà disparu, après s'être répandu en Espagne jusqu'en Angleterre où, arrivées au somment de leur art, elles ont bâti le monument de Stonehenge.

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Un site unique

La capitale française du mégalithisme est sans nul doute le petit village de Carnac. Son nom signifie " le lieu de carn ", carn est un mot celtique désignant les amoncellements de pierres (il en est resté " carn " en gaélique, il a donné " cairn " en français et en anglais). A Carnac, on trouve tous les types de construction : les alignements sont formés de menhirs isolés, mais aussi de cairns qui forment les tumulus de pierres plates qui constituent les dolmens, ainsi que les cromlechs, c'est-à-dire des établissements en forme de cercle. C'est au total plus de 3 000 pierres qui se dressent dans un rayon proche. Elles ne sont qu'une petite partie de la construction d'origine, qui comprenait sans doute près de 10 000 menhirs, les temps et les hommes en ayant détruit beaucoup. L'ensemble s'étendait probablement sur huit kilomètres, des alignements de Sainte-Barbe jusqu'à la rivière Crach : il ne subsiste plus que sur trois kilomètres.
On peut aujourd'hui distinguer trois séries d'alignements. Un cromlech en demi-cercle ouvre celui du Ménec, au Nord du village de Carnac. Là, répartis sur onze rangées, s'élevant exactement 1 169 menhirs, haut de 60 centimètres à 4 mètres.
LES alignements du Ménec atteint une longueur de 1 170 mètres. Après un court espace vide, 250 mètres plus loin, l'alignement de Kermario se limite à dix rangées et à 1 029 menhirs, hauts de 50 centimètres à 7 mètres. Il est long de 1 120 mètres. Troisième étape, l'alignement de Kerlescan, 400 mètres en retrait. Treize files de 880 mètres de longs regroupent 594 pierres hautes de 80 centimètres à 4 mètres. Comme l'alignement du Ménec, il est précédé d'un cromlech en demi-cercle.
En dehors des alignements, le site de Carnac comprend le grand tumulus Saint-Michel, long de 120 mètres et haut de douze mètres, à l'intérieur duquel on trouve plusieurs chambres funéraires. Il semble postérieur aux alignements eux-mêmes, tout comme le tumulus de Kercado, de trente mètres de diamètre et 3,5 mètres de hauteur. Enfin, de très nombreux dolmens et menhirs isolés se rencontrent à proximité, disséminés hors de la zone d'alignement.

Problème de datation

On peut estimer l'âge d'un menhir en datant les petits objets qui ont souvent été disposés au pied de la pierre pour la caler. Il faut alors se méfier des ajouts postérieurs comme des éléments qui ont pu être en place antérieurement : certaines parties des alignements de Carnac recouvrent des tumulus plus anciens. Le problème de datation se pose encore en ce qui concerne les motifs décoratifs gravés sur bien des pierres levées. Victimes de l'érosion, ils sont souvent difficiles à déchiffrer, et il est délicat de déterminer si le même peuple a ériger la pierre et l'a gravée, ou si les sculptures sont l’œuvre de leurs successeurs. On estime que les monuments de Carnac ont été élevés par plusieurs générations qui se sont succédé entre le IVe et le IIIe millénaire avant notre ère.

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Des pierres pour observer les astres

Menhirs et dolmens ont des fonctions très différentes. Le dolmen est une sépulture, et, si l'on trouve parfois des tombes au pied des menhirs, elles sont le plus souvent postérieur à leur érection. Le menhir est un édifice commémoratif ou votif, mais en aucun cas on ne peut le considérer comme un monument funéraire.
A quoi sert-il ? C'est à la fin de XIXe siècle, que sont remarquées pour la première fois les correspondances entre les structures des ensembles mégalithiques et les positions du Soleil à certaines périodes de l'année. Dans chaque alignement, les menhirs sont placés par ordre décroissant et chaque série forme un angle précis avec les levers de soleil : Kerlescan est orienté selon les levers de soleil à l'équinoxe, Kermario selon les levers de soleil au solstice d'été, le Ménec selon les levers intermédiaires. Certains observateurs voient dans cette disposition des dates correspondant aux principales phases du cycle agricole : une activité alors toute nouvelle pour les peuples occidentaux. Les théories relatives aux utilisations calendaires et astronomiques se succèdent depuis lors, appuyées par le fait que de nombreux menhirs isolés sont percés d'un trou qui a pu servir comme repère pour la visée. Mais les premiers observateurs ont eu tort de ne songer qu'à un observatoire solaire : certes, les directions des alignements correspondent à la position des levers et des couchers de soleil à des dates remarquables, mais les autres astres ne sont pas oubliés. Partant du constat que la plupart des calendriers primitifs sont semi-lunaires, le professeur A. Thom, dans les années 1970, démontre que Carnac est aussi un observatoire lunaire. Il détermine que le grand menhir de Locmariaquer, haut de 23 mètres, est sans doute l'élément central d'un grand dispositif destiné à prédire les éclipses. Plusieurs autres menhirs isolés, éloignés parfois de quinze kilomètres, comme celui de Quiberon, auraient servi de crans de mire, correspondant à des moments extrêmes de la déclinaison lunaire. L'ensemble du système, champs d'alignements et cromlechs, constituerait ainsi un véritable instrument d'observation et de prévision, propre à permettre, notamment, la prédiction des éclipses. Thom, spécialiste de la géométrie des grandes constructions mégalithiques, remarque également l'utilisation d'une unité de longueur mégalithique universelle en Europe occidentale, à laquelle il accorde la valeur précise de 0,8293 m.

La difficile traversée des âges

Une faible partie seulement des monuments édifiés pendant le néolithique et au début de l'âge du bronze sont encore intacte aujourd'hui. Au cours des siècles, la plupart ont été saccagée, démontés ou tronçonnés. Les Romains utilisent les pierres des cairns pour paver les routes. Ils sont les premiers à débiter les menhirs en pierre de taille pour construire des maisons. Les chrétiens, soucieux d'éliminer toute trace des anciennes croyances, font abattre les dolmens ou sculpter des croix dans les menhirs. Au XVIIe siècle, en Loire-Atlantique, un prêtre zélé fait démolir tout l'ensemble mégalithique de sa région pour construire une énorme rocaille avec " les débris d'un culte sanguinaire ". Deux cents ans plus tard, les pires ennemis des mégalithes sont les archéologues amateurs, chercheurs de trésors, qui renversent les pierres et défoncent les tertres dans l'espoir de retrouver des bijoux d'or. Aujourd'hui encore, les archéologues doivent livrer un combat incessant : en 1974, dans une lettre à son préfet, le maire d'une petite commune annonce qu'il a fait raser un dolmen " obstacle à l'utilisation rationnelle des sols " ...

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Le monde au IV millénaire

Alors que les peuples qui, en Europe de l'ouest, élèvent des mégalithes sont encore des chasseurs et rarement des agriculteurs, au Proche-Orient on cultive le sol depuis trois mille ans et on coule le bronze depuis cinq siècles. Les Mésopotamiens ont inventé la roue et les pictogrammes, les Egyptiens la voile et les hiéroglyphes.
L'Egypte est unifiée par le pharaon Narmer (ou Némès en grec) qui fonde la première dynastie thinite. Les cités et les temples sumériens s'élèvent et on y découvre l'écriture cunéiforme. L'agriculture se développe en Afrique centrale, alors qu'en Chine la mystique dynastie Xia construit sa première cité à Liangchengzhen. Dans les îles Cyclades de la mer Égée se développe la première civilisation grecque. L'Occident est encore dans la préhistoire alors que le Proche-Orient entre dans l'histoire.

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