02/11/2010

Le faux fantôme de Toronto

Le faux fantôme de Toronto

C’est l’une des expériences les plus importantes et les plus réussies, dans la jeune science de la parapsychologie, que celle qui débuta à Toronto, au Canada, en 1972. Partant d’une vaste expérience de « poltergeist » du docteur Georges Owen, fondateur de la Society for Psychical Research de Toronto, un groupe de membres de cette société décida d’essayer consciencieusement de créer un fantôme.

On commença par réunir une immense documentation scientifique, tant sur la parapsychologie que sur la psychologie et la physique. De plus, l’un des membres composa une biographie totalement fictive du fantôme, l’histoire étant centrée sur le manoir de Diddington, dans le Warwickshire, en Angleterre.


L’histoire de Philippe, le fantôme de Diddington

La demeure existe réellement, mais son nom est légèrement modifié. L’histoire a été située au milieu du XVIIe siècle et concerne un membre de l’aristocratie, Philippe, et son épouse frigide, Dorothée, qui lui faisait une vie de mari malheureux.
Un jour, il a la chance de rencontrer une bohémienne – une « gipsy », comme les appellent les Anglais – belle et bonne. Elle se nomme Margot. Ils se revoient en secret et tombent amoureux l’un de l’autre.
Quand les frères de race de Margot quittent la région, Philippe installe celle-ci dans une chaumière sur ses terres. Et c’est quelque temps de bonheur sans mélange, jusqu’au jour où Dorothée découvre leur liaison.
Elle n’a alors rien de plus pressé que de dénoncer la maîtresse de son mari comme sorcière. Philippe, ayant peur de trop se compromettre, ne fait que peu d’efforts pour la sauver. Et la jolie gipsy monte sur le bûcher. Philippe, rempli de remords, court aux combats comme un forcené qui cherche la mort : il la trouve donc !

L’expérience commence …

Le groupe de Toronto fit des recherches poussées sur ce qu’avait pu être cette aventure, en lisant et dépouillant de nombreux livres d’histoire sur cette période. Un des membres poussa même la recherche de la véracité jusqu’à aller visiter l’Angleterre et à prendre des photos de Diddington et des autres lieux impliqués dans cette sombre et tragique histoire.
Tant et si bien que Philippe et les autres protagonistes devinrent très nets et précis dans l’esprit des expérimentateurs. L’un d’eux fit même une esquisse de Philippe. De multiples entrevues, de longues conversations achevèrent de clarifier le sujet, ainsi que de contribuer à la bonne entente et à l’homogénéité du groupe. Parfois, ils essayent aussi de produire Philippe sous la forme d’une hallucination collective…
Mais Philippe ne veut pas apparaître ! Le fantôme ne donne pas signe de vie.
Découragement de nos amis de Toronto, jusqu’à ce jour de 1973, où ils ont la chance de découvrir un compte rendu de recherches du même genre, effectuées par trois confrères britanniques : des phénomènes physiques apparemment paranormaux ont été produits sans l’intervention d’aucune influence psychique extérieure.
Ce compte rendu (publié dans le journal de la SPR de Londres) prétendait que ces phénomènes psychokinétiques pouvaient être produits par presque n’importe qui. Suivant quelques directives : il faut y croire et ne s’étonner de rien, entre autres.
Alors le groupe changea de méthode. Au lieu d’une méditation calme, dans la demi-obscurité, on instaura une atmosphère gaie, détendue, sans la présence d’aucun médium : c’est Philippe lui-même qui devait produire les phénomènes ! Et de parler à la table autour de laquelle ils étaient, comme si elle eût été Philippe !
Au bout de quelques semaines seulement, les phénomènes commencèrent à se manifester : par exemple, des mouvements de table, comme dans la plupart des séances de spiritisme. C’est alors que l’un des assistants remarqua : « Je serais curieux de savoir si c’est Philippe qui fait cela ? » En réponse, un grand coup retentit, venant du haut de la table, et qui fit vibrer tous les meubles de la pièce : Philippe était arrivé et avait répondu…

Philippe entre en contact

Après l’établissement d’un code simplifié – un coup pour oui, deux pour non – commença une extraordinaire étude de psychokinésie.
Ils étaient habituellement huit à travailler ensemble sur ce sujet, et à se rencontrer régulièrement dans une pièce spéciale, à Toronto, réservée à leur groupe. Sous une bonne lumière, ils s’asseyaient autour de la table, plaçaient leurs mains dessus et disaient : « Hello ! Philippe ! » Et à chaque salut, un coup bien net dans le bois, sous la main, marquait la réponse du fantôme.
Rapidement, le phénomène prit des proportions telles que la table se mit à courir tout autour de la pièce et que les expérimentateurs eurent bien de la peine à y maintenir leurs mains.
Un jour, la table décolla du plancher. Un contact réel était bel et bien établi avec cet imaginaire Philippe : par coups, grattements et même lueurs vacillantes autour de son portrait qui trônait au mur de la pièce. Et le dialogue s’établi peu à peu entre le fantôme et ses questionneurs. Il répondait conformément à sa biographie inventée, et, parfois, il en rajoutait, mais alors ces rajouts ne collaient pas toujours avec la réalité historique : ils semblaient dépendre de ceux qui étaient présents. La présence de quatre membres (sur huit) suffisait pour déclencher les phénomènes.
Au bout d’un certain temps, Philippe accepta la présence d’un ou deux visiteurs. Même avec trois, les coups eurent lieu, mais les mouvements de table diminuèrent. Plus d’une fois, la table poursuivit quelqu’un à travers la pièce, tandis que les autres riaient de la bonne farce. La victime n’avait qu’une ressource : s’enfuir par la porte…

Philippe devient célèbre

Au début de l’année 1974, le groupe de Toronto prit la décision de tourner un film documentaire pour raconter l’histoire de la création de Philippe et – on l’espérait – enregistrer les mouvements de la table et les coups.
On ne rencontra pas de difficultés, et, ainsi, naquit le film Philippe, le fantôme imaginaire. Philippe obtint même les honneurs de la télévision de Toronto, dans un programme comportant une discussion. La table avait été amenée sur le plancher du studio, avec le groupe des expérimentateurs et l’auditoire, tandis que le groupe de discussion était assis sur une estrade.
A l’occasion, la table se déplaça rapidement autour du studio en faisant sa gymnastique habituelle, allant même jusqu’à grimper trois marches de l’estrade, où Philippe estimait sans doute qu’il aurait dû se trouver, en compagnie du présentateur et des participants à la discussion.
On pria le présentateur de dire : « Hello ! » à Philippe, et, à sa vive surprise, il reçut un grand coup sous la main. Aux questions qu’il posa ensuite au fantôme, celui-ci répondit par des coups dans la table. Aucun soupçon de fraude ou de tricherie ne vint ternir cette émission de télévision et tous les assistants demeurèrent stupéfaits devant ces manifestations, se demandant comment une pensée collective pouvait produire des effets physiques sur une table. L’action d’un seul médium est bien connue, mais celle de tout un groupe, avec sa diversité psychologique, continue de poser une question sans réponse.
Quoi qu’il en soit de ce mystère sans solution, notons, à la suite du groupe de Toronto, que Philippe était nettement un composite de tous ses créateurs. D’autre part, s’il arrivait que l’un d’eux mît en doute la réalité du fantôme, les phénomènes s’arrêtaient, mettant en évidence la justesse du dicton affirmant que la foi peut déplacer les montagnes.

Une expérience à la portée de tous

Nous sommes donc en présence du pouvoir créateur de la pensée, dont l’une des applications est la guérison par la foi. Par sa puissance – consciente ou inconsciente – l’esprit provoque des phénomènes physiques, c’est devenu une vérité quasi indiscutable. Ce serait donc cette puissance, multipliée par huit, qui pourrait apporter l’explication à cette stupéfiante création de fantôme ex nihilo. Mais il a fallu à nos huit expérimentateurs faire table rase de tout leur esprit logique et critique – ce que nous appelons chez nous le cartésianisme – et retrouver « l’esprit d’enfance ».
Ajoutons que le succès du groupe Philippe suscita des imitateurs qui réussirent aussi bien, et même plus vite. Mais l’explication complète et définitive de ces créations nous manque toujours.
Cette intéressante histoire illustre les pouvoirs de la suggestion.
Ainsi, ce groupe de chercheurs a réussi l’étonnante gageure de créer un être immatériel, pouvant non seulement se manifester psychiquement, mais aussi intervenir directement sur la matière au cours de séances bien particulières.
Le fait que l’expérience puisse être recommencée sans aucune précaution relativise la prétendue existence de forces occultes dans le royaume des morts.

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