02/11/2010

Les fantômes de la Tour de Londres

Le spectre d'Anne Boleyn apparaît à une sentinelle
Les fantômes de la Tour de Londres


Personnage des légendes relatives aux manifestations possibles d'un individu après sa mort, la figure du revenant se rencontre dans toutes les traditions culturelles du monde.

Le folklore britannique a, quant à lui, si totalement intégré le fantôme que l'adjectif "hanté" vient naturellement à l'esprit dès que l'on parle d'un manoir ou d'un château britannique. Bien sûr, la plus célèbre des forteresses britanniques, la Tour de Londres, a, elle aussi, son lot d'apparitions célèbres.

Une sentinelle au tribunal

Décapitée sous l'accusation d'adultère par un bourreau venu spécialement de France, le 19 mai 1536, Anne Boleyn, exécutée mille jours après avoir épousé Henri VIII, est la deuxième des six épouses et la première des victimes du roi qui inspira la sinistre légende de Barbe-Bleue. Après l'exécution, sa dépouille est enterrée à la hâte dans la chapelle Saint-Pierre, à la Tour de Londres, où elle est restée prisonnière. Dès lors, et pendant des siècles - la dernière apparition remonterait à 1933 -, son spectre apparaît à intervalles réguliers, parfois conduisant une processions dans la chapelle Saint-Pierre ou, seule, dans d'autres endroits de la vieille forteresse. Une des plus impressionnantes manifestations du fantôme se produit toutefois dans l'hiver 1864. Une nuit, une sentinelle est retrouvée inconsciente. Accusé de s'être endormi à son poste, l'homme comparaît devant un tribunal militaire. Il raconte que, vers l'aube, il a vu sortir du brouillard une silhouette blanche. Un bonnet la surmontait, sans tête en dessous, et elle se dirigeait vers lui. Après avoir fait les trois sommations d'usage, le soldat s'est approché de la forme; mais, lorsque la baïonnette de son fusil a traversé celle-ci, un éclair s'est propagé le long du canon et lui-même s'est retrouvé assommé par le choc.
Tout cela ressemblerait à une excuse bien trouvée, si deux autres soldats ainsi qu'un officier ne témoignaient, après la déposition de l'accusé, avoir eux aussi aperçu le spectre par une fenêtre. Lorsqu'il s'avère que la forme, dans les quatre cas, a été vue juste sous l'ouverture de la pièce dans laquelle Anne Boleyn avait passé sa dernière nuit avant son exécution, le tribunal choisit de relaxer la sentinelle.

Le cadavre d'un chat...

Le long passé de prison d'État de la Tour et la qualité de nombre de ses détenus et des victimes exécutées entre ses murs font du bâtiment (construit par Guillaume le Conquérant à la fin du XIe siècle) un véritable terrain de prédilection pour les fantômes.
De grandes dames du royaume, assassinées là, habiteraient ainsi le bâtiment, se promenant sur les remparts, longeant les corridors, traversant les murs. Margaret, comtesse de Salisbury, par exemple, exécutée en 1541 à l'âge de soixante-dix ans dans des conditions atroces - le bourreau dut s'y reprendre à trois fois pour la décapiter -, "revivrait" périodiquement ses derniers moments sous les yeux horrifiés des gardes, seuls humains vivants à fréquenter les lieux pendant la nuit.
Mais des hommes aussi hantent la Tour. Le plus ancien fantôme est celui de saint Thomas Becket, assassiné en pleine messe dans la cathédrale de Canterbury en 1170, et qui reviendrait quelquefois visiter la Tour dont il fut un temps gouverneur. Un autre spectre illustre est celui du grand explorateur sir Walter Raleigh, emprisonné par Jacques Ier pour complot de 1603 à 1616, relâché deux ans, puis de nouveau enfermé, et décapité.
Mais deux enfants, le jeune prince Edouard V et son frère le duc d'York, tués par leur oncle Richard III en 1483, se promèneraient aussi quelquefois dans les couloirs, vêtus de robes blanches et se tenant par la main.
Curieusement, le donjon de la forteresse, la Tour blanche, paraît n'avoir jamais été hanté par qui que ce soit. La tradition veut qu'au début de sa construction, au XIe siècle, il y ait été pratiqué un sacrifice animal destiné à éloigner les esprits malfaisants. Or, au cours de travaux effectués au XIXe siècle, des ouvriers ont découvert à l'intérieur d'un des murs maîtres le squelette d'un chat...

Quelles explications pour les fantômes ?

Pour les sceptiques, les apparitions n'ont de réalité que dans l'esprit de ceux qui les voient. Les parapsychologues modernes partagent ce point de vue pour bien des cas, mais soutiennent qu'une minorité de témoignages résistent à toute tentative d'explication rationnelle.
Les fantômes, selon eux, apparaissent "spontanément" ou leur manifestation est "provoquée" par un médium.
En quoi consistent-ils exactement ? Pour certains, le spectre est la manifestation de l'esprit d'un mort; pour d'autres, il est le produit de l'esprit du médium ou du témoin qui assiste à l'apparition.
La première explication postule l'existence d'une entité indépendante du corps (l'âme ?), capable de survivre au décès et de devenir plus ou moins visible à volonté. La seconde explication ne rejoint qu'en apparence celle des sceptiques; elle suppose en effet que ce que voient les témoins a une existence tangible au lieu de relever du seul fantasme psychique.

Châteaux royaux hantés de Grande-Bretagne

Innombrables sont les châteaux britanniques que l'on dit hantés. Les résidences royales n'échappent pas à cette règle.
Glamis Castle, en Ecosse. Cette demeure de la famille de l'actuelle reine mère voit ses couloirs hantés par le spectre d'une jeune femme exécutée au XVIe siècle, Janet Douglas. Mais d'étranges parties de cartes s'y déroulent aussi, entre des joueurs morts depuis le XVe siècle. Enfin, un fils contrefait de la famille, enfermé entre quatre murs de son vivant, hurlerait encore sa douleur, certaines nuits.
Hampton Court. Cette résidence,où vécurent Henri VIII et ses femmes, est hantée par les apparitions de celles-ci : Anne Boleyn elle-même; Catherine Howard, cinquième épouse du roi, décapitée pour adultère en 1542; et Jane Seymour, qui mourut en couches en donnant à son époux un fils. Mais d'autres spectres, ceux de la nourrice d'Edouard VI, la reine Elisabeth Ier et le roi Henri III, hanteraient aussi le château.
... Et Windsor. Les forêts de ce château, enfin, seraient parcourues par un cavalier fantôme : le spectre d'un jeune chasseur nommé Herne, un temps favori du roi du roi Richard II, et qui se suicida après sa digrâce. La dernière apparition du fantôme remonterait à 1976, année où le cavalier surgit de la nuit devant un jeune homme, qui en tomba évanoui de frayeur...

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