02/11/2010

Les mystères de l'Atlantide

Les mystères de l'Atlantide

Qu'une civilisation grandiose ait pu exister et disparaître subitement, voilà qui a de quoi fasciner. Un nom, l'Atlantide, résume cette histoire ou ce rêve. Le mot évoque une île mystérieuse, baignée par les rayons d'un chaud soleil, et un peuple, fondateur d'une culture brillante et éphémère.


Au IVe siècle avant notre ère, le philosophe grec Platon est le premier à mentionner l'existence de l'Atlantide. Par la suite, la cité fabuleuse inspire divagations et utopies.

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En 1803, Bory de Saint-Vincent, naturaliste et voyageur français, publia cette carte pour tenter d'illustrer se théorie d'une Atlantide qui aurait été située à l'ouest de l'Afrique. De ce grand empire, il ne restait plus, selon lui, que les Canaries, Madères et les Açores.

Le témoignage de Platon

Vers 335 avant notre ère, deux dialogues de Platon, le Timée et le Critias, fondent le mythe de l'Atlantide. Comme les oeuvres du philosophe, les textes se présentent sous forme d'entretiens entre plusieurs personnes : Socrate, le maître de Platon, Timée, philosophe pythagoricien, Critias, politicien que l'on dit sans scrupules, et Hermocrate, ancien syracusien.
Dans le Timée, Critias, parent de Platon, raconte une histoire qu'il tient de son grand-père, qui l'a lui-même reçut de son père, ce dernier l'ayant entendu raconter par le sage grec Solon. Alors que Solon se trouve en Egypte, aux environs de 590, un prêtre du temple de Saïs lui fait confidence suivante : 9 000 ans plus tôt existait une île dénommée l'Atlantide, " sortie de la mer Atlantique ", située au-delà des Colonnes d'Hercule (aujourd'hui Gibraltar), et " plus large que la Libye, et l'Asie réunies " (pour les Grecs de l'époque, il faut entendre le Nord de l'Afrique et l'Asie Mineure). Il était alors possible de passer de cette île à d'autres îles et de gagner un continent qui s'étendait en face de celles-ci (l'Amérique ?).
L'histoire du peuple qui habitait cette île est la suivante. Les rois atlantes, puissants et prospères, animés de visées expansionnistes, conquirent les rives de la Méditerranée, s'emparant notamment de la Libye et de l'Egypte et s'enfonçant en Europe jusqu'à la Tyrrhénie (Italie occidentale). Mais ils furent finalement repoussés et vaincus par les Athéniens - ce qui n'est pas sans rappeler quelques aspects des guerres médiques (de 492 à 448 avant notre ère) opposant les Grecs aux Perses. Peu après, des tremblements de terre gigantesques et des cataclysmes se produisirent, et la fière Atlantide fut engloutie.

La plus belle des capitales

Dans le Critias, le philosophe donne plus de renseignements sur l'Atlantide. Après la création du monde, les dieux se partagèrent celui-ci et Poséidon, souverain de la mer, reçut l'Atlantide. De son union avec une mortelle, Cleito, il eut dix fils, et chacun hérita d'une partie de l'île. L'aîné, Atlas devint le roi et reçut la meilleure et la plus grande des régions. L'île était très riche et bénéficiait d'importantes ressources, tant agricoles qui minières. Les sages qui gouvernaient y faisaient régner le bonheur le plus parfait, distribuant méthodiquement le travail.
L'Atlantide, décrite dans le Critias, se divise en districts. Les nombreux canaux qui la sillonnent convergent vers sa capitale, de forme circulaire. Au cœur de celle-ci se dresse la résidence royale, ancienne demeure du Dieu de la Mer. C'est une citadelle de forme également arrondie et d'un diamètre d'environ cinq kilomètres. Des anneaux concentriques de terre et des ponts, composent cette acropole. Elle abrite les temples, les palais et les édifices publics ainsi que les champs de course. Le plus formidable des temples est celui dédié à Poséidon. Ses façades extérieures sont entièrement couvertes d'argent et ses toits sont plaqués d'or. A l'intérieur, les voûtes sont en ivoire ciselé incrusté d'or, d'argent et d'orichalque (métal assez mystérieux dont on peut supposer qu'il s'agit soit de cuivre, soit d'un alliage de cuivre et d'or). Le temple est orné de nombreuses statues tout en or. L'une surpasse toutes les autres, celle représentant Poséidon " se tenant debout sur un char attelé de six chevaux ailés, et d'une grandeur telle que la figure touche à la voûte de l'édifice ". La description de Platon montre la richesse et la puissance de l'Atlantide. Le Critias demeurant inachevé, on n'en sait pas plus sur cette île.

Un prétexte pour des utopies

Le texte de Platon est interprété aujourd'hui comme la première des utopies : une allégorie destinée à vanter les mérites de l'Empire athénien alors en décadence.
Mais la cité idéale que décrit le philosophe est-elle purement imaginaire, ou la construction platonicienne repose-t-elle sur une tradition qui pourrait avoir des origines historiques, Ce débat n'est pas encore clos. Les commentateurs antiques eux-mêmes semblables partagés sur le sens des dialogues platoniciens. Aristote, au IVe siècle avant notre ère, affirme que l'Atlantide n'est qu'un mythe. D'autre part, un disciple de Platon affirme avoir vu, à Saïs, les hiéroglyphes relatant l'histoire racontée à Solon.
Au Moyen Age, l'Atlantide est pratiquement oubliée. L'intérêt pour l'île engloutie renaît au siècle des grandes découvertes, certains auteurs se risquant à identifier l'Amérique à l'île platonicienne. Plus fréquemment, des philosophes reprennent le procédé du philosophe antique pour disserter sur la notion de cité idéale. Ainsi, le philosophe anglais Francis Bacon rédige en 1627 une Nouvelle Atlantide (Nova Atlantis), manière de roman scientifique : des navigateurs, poussés par les vents dans des régions inexplorées de l'Océan, abordent sur le rivage d'une île inconnue où un gouvernement éclairé fait régner le bonheur absolu ; le Suédois Olav Rudbeck y voit une allégorie de son propre pays comme berceau de la civilisation (Atland ou Manhem, 1679-1702) ; et le Catalan Jacint Verdaguer fait du continent perdu le but secret de Christophe Colomb (l'Atlantida, 1876).

L'Atlantide : l'île de Santorin ?

A l'époque contemporaine, le mythe de l'Atlantide continue à alimenter utopies philosophiques et fictions romanesques. Au début du XXe siècle, l'écrivain français Pierre Benoît publie ainsi une Atlantide bientôt célèbre, où l'île mystérieuse est située en plein désert. Deux officiers perdus s'y trouvent retenus par la troublante Antinéa.
Plus sérieusement, des archéologues et des spécialistes de la mer ont cherché à identifier le lieu. Pour les Grecs Galanoupoulos et Marinatos ne serait autre que l'île de Santorin, située à 110 kilomètres au nord de la Crète. L'île est en effet circulaire, et, en 1500 avant notre ère, la Crète est à l'apogée de sa puissance. Sa civilisation minoenne est brillante et son commerce s'étend à toute la Méditerranée. De plus, elle est l'ennemi d'Athènes et pratique le culte du taureau comme le font les Atlantes. Mais, en 1470 avant notre ère, le volcan de Santorin explose brutalement. L'éruption s'accompagne d'importants tremblements de terre, de pluies de cendres et d'une vague formidable de plusieurs dizaines de mètres de haut. C'est cette vague qui dut s'abattre sur la Crète, détruisant sa civilisation sans retour.
Onze cents après la terrible catastrophe, Platon a-t-il confondu dates et lieux, l'île enseveli et la culture crétoise sinistrée ? Ou a-t-il délibérément mêlé des évènements historiques et une tradition légendaire pour forger une allégorie à portée politique et morale ? Les deux hypothèses sont également plausibles.

Les autres civilisations englouties

Le thème des terres englouties a donné lieu à une littérature abondante. Le souvenir nostalgique du paradis perdu y est peut être aussi pour quelque chose. Ne s'imaginait-on pas, au Moyen Age, que le jardin d'Eden existait encore au-delà des terres connues ? L'idée du Déluge, ou d'une grande catastrophe naturelle, que l'on retrouve dans de nombreuses civilisations, lui est aussi certainement apparentée. D'autres continents partagent ainsi avec l'Atlantide la triste réputation d'avoir été englouti par les flots.

La Lémurie.

L'invention de ce continent, qui se serait abîmé dans les eaux de l'océan Indien, date du XIXe siècle. Elle est due au zoologue anglais Slater, qui forgea son nom d'après des restes de primates - des lémuriens - découvert à Madagascar et en Malaisie. Le médium russe Helena Petrovna Blatvasky se passionne pour cette histoire au XXe siècle ; elle fait des Lémuriens des géants pourvus de pouvoirs télépathiques. La lémurie aurait été engloutie, à l'en croire, il y a des millions d'années, amis quelques survivants auraient pu s'enfuir vers l'Asie centrale : leurs descendants seraient les actuels habitant de l'Inde.

Le continent de MU.

Au début du XXe siècle également, en tentant de traduire un texte Maya, le codex Troano, le français Etienne Brasseur de Bourbourg croit découvrir les symboles M et U et en déduit l'existence d'un ancien continent dénommé Mu. A sa suite, le colonel John Churchward déclare que, lorsqu'il servait dans l'armée britannique aux Indes, il a été initié par des prêtres hindous aux secrets de Mu. Les prêtres lui auraient appris à lire la langue du continent perdu en se servant de copies de textes inscrits sur des tablettes cachées dans des temples indiens et mexicains... Pour lui, ce mystérieux continent, située dans le Pacifique, s'étendait du détroit de Béring à l'Australie et de l'Inde à la Californie. Il aurait été englouti il y a 12 000 ans.

L'Hyperborée.

Un continent aujourd'hui perdu sous les glaces, l'Hyperborée, aurait aussi existé dans les régions arctiques actuelles à une période très reculée où celles-ci (avant que les pôles ne changent de place, prétend-on), auraient joui d'un climat et d'une végétation tropicale... Les hommes et les femmes de cette île, entourée de hautes montagnes, étaient d'une extraordinaire beauté.

Pacifica.

Enfin, deux géophysiciens, le Dr Amos Nur, professeur à l'université Stanford (Californie) et le Pr Zvi Ben-Avrham de Tel-Aviv, ont adapté le vieux mythe du continent englouti à la théorie moderne de la dérive des continents. Pour eux, il y a 125 millions d'années, une masse de terre, qu'ils appellent Pacifica, aurait dérivé à travers l'océan Pacifique avant de s'enfoncer, sous le choc de la rencontre avec un des autres continents, sous les côtes de l'Asie ou de l'Amérique.

L'atlantide selon platon

" Oui, Solon, il fut un temps, avant la plus grande destruction par les eaux, où la cité qui est aujourd'hui celle des Athéniens était, de toutes, la meilleure dans la guerre (...) En ce temps-là, on pouvait passer par cette mer (l'océan Atlatique ?) Elle avait une île, devant ce passage que vous appelez les Colonnes d'Hercule (...) Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient formé un empire grand et merveilleux (...) Cette puissance, ayant une fois concentré toutes ses forces, entreprit en un seul élan, d'asservir votre territoire et le nôtre, et tous ceux qui se trouvent de ce côté-ci du détroit. C'est alors, ô Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux de tous son héroïsme et son énergie. Car elle l'a emporté sur toutes les autres par la force d'âme et par l'art militaire (...) Mais, dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre effroyables et des cataclysmes. Dans l'espace d'un seul jour et d'un seul coup sous la terre, et, de même, l'île Atlantide s'abîma dans la mer et disparut. Voilà pourquoi, aujourd'hui encore, cet océan est difficile et inexplorable, par l'obstacle des fonds vaseux et très bas que l'île, en s'engloutissant, a déposés. "

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D'après Platon, la capitale de l'Atlantide était un complexe, large d'une vingtaine de kilomètres, de canaux, murs, jardins, casernes et champs de course, disposés en cercle autour du palais royal et du temple du dieu de la mer, Poséidon, patron de la ville.

Hypothèse pour une localisation

Si l’on admet que l'Atlantide a réellement existé et qu'il ne s'agit pas d'une simple fable à valeur morale et politique, un problème surgit, celui de sa localisation exacte.

De l'Amérique à la Scandinavie.

Certains placent l'Atlantide, en Amérique du Sud, chez les Mayas, et d'autres, à Héligoland, île de la mer du nord, près des côtes danoises et allemandes (J. Spanuth) ou dans le Sahara (idée popularisée par P.Benoît dans son roman l'Atlantide, 1919). Enfin, d'aucuns voient en l'ancienne ville de Tartessos (située à l'embouchure du Guadalquivir, en Espagne) la cité atlante.

Les Açores.

Compte tenu du texte de Platon, cette localisation paraît la plus logique. En 1882, déjà, I. Donnelly avance cette hypothèse. Ultérieurement, O.H. Muck, développant des arguments avancés par les archéologues Kircher et Schliemann, soutient que les Açores sont l'ancienne Atlantide. Il insiste sur la situation géographique des Açores, note qu'elles forment une zone de fracture de l'écorce terrestre et qu'elles sont riches de volcans en activité.

Bimini...

Mais d'autres pensent l'Atlantide se trouvait en fait dans la partie ouest de l'océan Atlantique, à proximité de l'île de Bimini (archipel des Bahamas). En 1968, une structure engloutie est découverte dans cette zone. des recherches s'en suivent, menées par M. Valentine, conservateur honoraire du musée des sciences de Miami, et D. Rebikoff, expert en photographie sous-marine. Deux murs sont reconnus, orientés perpendiculairement l'un à l'autre. Bimini s'enfonçant régulièrement dans l'océan, les deux chercheurs datent ces constructions d'environ 8 à 10 000 années, c'est-à-dire d'une époque où aucun peuple de la région connu des archéologues ne possédait un niveau technique lui permettant de réaliser de tels murs. Le seul problème est qu'on a mis en doute, depuis, l'origine humaine de telles structures, considérées aujourd'hui plutôt comme un phénomène naturel.

... ou Santorin.

Enfin, l'hypothèse la plus récente, soutenue notamment par le spécialiste français de la mer, le commandant Jacques-Yves Cousteau, replace l'Atlantide dans la Méditerranée et l'identifie avec l'île de Santorin, proche de la Crète, démantelée subitement et transformée en archipel en 1470 avant notre ère, à la suite de l'éruption de son principal volcan.

La fin de l'Atlantide

Selon Platon, l'Atlantide a disparu en un jour et une nuit, victime d'un cataclysme. Plusieurs auteurs, partant de l'hypothèse que l'île a vraiment existé, ont tenté sérieusement d'apporter une explication à cette disparition.
La solution la plus récente est celle de l'éruption d'un volcan, mais il est impensable qu'une explosion, même titanesque, ait pu engloutir totalement et en une journée une île de la taille de celle que Platon décrit dans le Critias.
Aussi certains commentateurs, évoquent-ils l'hypothèse d'un gigantesque météorite qui serait tombée sur la Terre, entraînant le plus formidable raz de marée de l'histoire de l'humanité - une catastrophe dont le mythe du Déluge garderait le souvenir.
A moins qu'il ne faille voir dans la catastrophe évoquée par Platon qu'un effet littéraire destiné à dramatiser la chute éclair d'une civilisation brillante, la civilisation crétoise en l'occurrence, assimilée au déclin plus progressif d'Athènes.

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